LE MANS CLASSIC 2025. L'album photo du plateau 5.

L’ère des titans et du moteur central (1966-1971)

Avec l’arrivée du moteur central arrière et des constructeurs engagés dans une guerre technologique sans merci, la période 1966-1971 marque un tournant historique dans la légende des 24 Heures du Mans. Ce sixième âge d’or, représenté avec brio dans le Plateau 5 du Mans Classic 2025, célèbre les années où vitesse, audace et puissance régnaient en maîtres sur la Sarthe. Après des années de domination italienne, le vent tourne. En 1966, Ford concrétise son ambition de détrôner Ferrari avec la redoutable GT40 Mk II, équipée d’un V8 de 7 litres. L’armada américaine signe un coup de force historique en s’adjugeant les trois premières places de l’épreuve. Ce triomphe symbolise non seulement la suprématie du moteur central, mais aussi une nouvelle ère où les constructeurs ne reculent devant rien pour imposer leur vision de la performance.

L’édition 1967 est souvent désignée comme « les 24 Heures du Siècle ». La qualité du plateau est exceptionnelle, avec la présence de Ford, Ferrari, Porsche, Chaparral, et d'autres noms prestigieux. La Ford Mk IV, victorieuse cette année-là avec le duo américain Dan Gurney – A.J. Foyt, atteint des vitesses inédites. Les chronos explosent et les records tombent, au point que l’ACO, préoccupé par l’emballement technique, impose dès l’année suivante une limitation de cylindrée pour les prototypes.

Malgré les nouvelles contraintes réglementaires, Ford reste au sommet. La GT40, désormais en version Mk I et confiée à l’écurie privée John Wyer Automotive Engineering, remporte les éditions 1968 et 1969. Cette dernière, conclue par le mythique duel entre Jacky Ickx (Ford) et Hans Herrmann (Porsche), s’achève par une victoire arrachée dans les derniers mètres : une arrivée parmi les plus spectaculaires de l’histoire de la course.

Alors que Ford se retire, Porsche prend la relève et impose à son tour un rythme infernal. En 1970, la 917 K triomphe enfin, offrant à la firme de Stuttgart sa première victoire au général. Mais c’est en 1971 que Porsche entre véritablement dans l’éternité : avec la 917 LH, Helmut Marko et Gijs van Lennep remportent l’épreuve à une vitesse moyenne de 222,3 km/h, un record absolu qui restera imbattable jusqu’au XXIe siècle. La 917 devient une icône et symbolise la fin d’une époque d’insolence mécanique et de liberté technique.

Revivre cette période à travers les bolides du Plateau 5, c’est plonger dans l’essence même de la course automobile : celle des géants qui s’affrontaient sans compromis, où les moteurs rugissaient à plein régime et où chaque tour de piste résonnait comme un défi à la physique. Un moment fort de cette édition 2025, qu'il ne fallait pas manquer sous aucun prétexte.

Crédit photos : Willy CHANTELOUP / RACINGSHOOTS