24 heures du Mans 2025. Ferrari gagne, Porsche grince.
- Stéphane CAVOIT
- il y a 3 jours
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Trois victoires consécutives : la 499P offre à Ferrari le droit de conserver définitivement le trophée des 24 Heures du Mans. Mais sous le vernis triomphal, la Scuderia encaisse quelques migraines : son succès repose sur l’équipage semi‑privé AF Corse n° 83, mené par un Robert Kubica étincelant, tandis que Porsche crie à l’injustice d’une BoP jugée trop favorable aux voitures italiennes. Samedi à la tombée du jour, les trois Ferrari (n° 50, 51 et 83) trustaient les avant‑postes. Puis la mécanique des 24 Heures a repris ses droits : accrochages, excès de vitesse dans la voie des stands, excursions dans les graviers… Les n° 50 et 51 multiplient les bévues. Sans une neutralisation par voiture de sécurité peu avant la mi‑course, les rouges officielles auraient sans doute abandonné tout espoir de triplé.

Au petit matin, la 963 n° 6 de Kevin Estre pointe à quatorze secondes seulement ; l’écart fond, la tension monte. Il faudra la régularité clinique de Kubica et la sérénité d’AF Corse pour contenir l’assaut allemand et préserver cette avance minimaliste.
« Gagner Le Mans, c’est spécial », souffle Robert Kubica, encore mesuré malgré l’exploit. En 2021, il avait perdu la victoire LMP2 dans le dernier tour ; quatre ans plus tard, il inscrit enfin son nom au palmarès absolu. Ses relais de nuit ont été décisifs : attaques chirurgicales quand il fallait combler, gestion froide quand il fallait contenir. À ses côtés, le Britannique Phil Hanson savoure « une course sans répit », tandis qu’Yifei Ye devient le premier Chinois vainqueur des 24 Heures du Mans : « De l’extérieur, on a peut‑être eu l’air de contrôler, mais dans le cockpit, c’était tout sauf tranquille », sourit‑il.
En 2024, Toyota avait été lourdement lesté quarante‑huit heures avant la course. Cette année, malgré trois succès WEC d’affilée, la Ferrari n° 83 n’a pas subi la même rigueur. Porsche l’a encore sur le cœur.
« Ils calquent toujours leur stratégie sur la nôtre ; ils ont plus de perfo et contrôlent la course malgré leurs erreurs », lâche Kevin Estre à cinq heures de l’arrivée. Son compatriote Mathieu Jaminet (n° 5) enfonce le clou : « Nous, on n’a pas commis la moindre faute. » Les paroles sont amères, mais reflètent un malaise persistant autour d’une Balance of Performance qui peine à contenter huit constructeurs aux intérêts divergents.
Crédit photos : Willy CHANTELOUP / RACINGSHOOTS