Les 14 et 15 juin 1997, se déroulait la 65éme édition des 24 Heures du Mans. Celle ci fait partie de celles qui ont compté le plus d'abandons dans l'histoire de l’épreuve. Sur les 48 bolides au départ, seuls 17 franchissent l'arrivée, soit un total de 31 abandons. Au total, 144 pilotes se relaient au volant pour ces soixante-cinquièmes 24 Heures du Mans. Les femmes sont de nouveau présentes sur la boucle mancelle avec deux pilotes sur la grille de départ. L’endurance automobile était en pleine mutation, avec une compétition féroce entre les Prototypes LMP, les Grand Tourisme GT1 et les Grand Tourisme GT2. Porsche engageait la 911 GT1, tandis que McLaren et Nissan tentaient de lui contester la victoire.
L'édition 1997 fut marquée par un drame lors des essais préqualificatifs du samedi 3 mai 1997. Sébastien Enjolras, jeune espoir Français du sport automobile issu de la Filière Elf, trouva la mort au volant de la WR n°2. Lancée à près de 270 km/h entre Arnage et la nouvelle portion, la voiture quitta sa trajectoire et s’écrasa contre les glissières de sécurité après un vol plané. Sébastien Enjolras, âgé de 21 ans, aurait dû participer à ses deuxièmes 24 Heures du Mans.
Le meilleur tour aux essais a été signé par Michele Alboreto sur une TWR Porsche en 3'41"581, tandis que le meilleur tour en course revient à Tom Kristensen sur la même voiture avec un chrono de 3'45"068. Dès les premiers tours, la course fut marquée par une intensité exceptionnelle.
Les 24 Heures du Mans 1997 ont marqué un tournant dans l’histoire de l’endurance avec l’éclosion d’un futur géant de la discipline. Cette édition voit en effet les débuts du pilote danois Tom Kristensen dans la Sarthe, et ce dernier ne tarde pas à laisser son empreinte. Engagé sur la TWR Porsche WSC-95 n°7 du Joest Racing aux côtés de Michele Alboreto et Stefan Johansson, Kristensen impressionne par sa rapidité et sa régularité tout au long de l’épreuve. Malgré les nombreux abandons et les incidents mécaniques, la voiture s’imposa avec brio. Ce fut la première des neuf victoires de Tom Kristensen, qui allait devenir le pilote le plus titré de l’histoire de l’épreuve. Grâce à une course maîtrisée et à une fiabilité exemplaire, l’équipage s’impose après avoir couvert 361 tours, offrant à Kristensen sa première victoire dès sa première participation. Ce succès sera le point de départ d’un record historique : le Danois remportera à neuf reprises les 24 Heures du Mans, un exploit inégalé en 2024. Cette première victoire en 1997 préfigure ainsi une domination qui inscrira son nom en lettres d’or dans l’histoire de la mythique épreuve sarthoise.
L'écurie Joest Racing a inscrit une nouvelle page de l’histoire de l’endurance en remportant l’épreuve pour la deuxième année consécutive avec le même châssis, la TWR-Porsche WSC-95. Ce doublé rappelle l’exploit réalisé par l’équipe en 1984 et 1985, où elle avait également triomphé deux fois de suite avec la même voiture. Face aux puissantes équipes d’usine engagées en GT1 et en LMP par Porsche, BMW et Nissan, la TWR-Porsche n’était pas la plus rapide en piste. Cependant, elle a su tirer profit des problèmes mécaniques ayant frappé les favorites. La Porsche 911 GT1 et la McLaren F1 GTR, longtemps aux avant-postes, ont été contraintes de ralentir ou d’abandonner, ouvrant la voie au trio composé de Michele Alboreto, Stefan Johansson et du débutant Tom Kristensen.
Grâce à une stratégie sans faille et une grande fiabilité, la machine de Joest Racing a bouclé la course avec un tour d’avance sur ses poursuivants, signant un succès emblématique face aux constructeurs engagés officiellement. Ce triomphe marquait aussi le début de l’exceptionnelle série de Kristensen, qui allait devenir le recordman absolu des victoires au Mans.
Crédit photos : Stéphane CAVOIT / RACINGSHOOTS