24 heures du Mans 2025. Aston Martin Valkyrie : l’Hypercar venue de la route pour conquérir Le Mans.

Avec la Valkyrie, Aston Martin revient en force dans la catégorie reine de l’endurance. En misant sur une voiture d’exception dérivée d’un modèle routier, la marque britannique entend bousculer les codes et viser les sommets, à commencer par la victoire au classement général des 24 Heures du Mans. Là où la majorité des constructeurs ont développé des prototypes exclusivement destinés à la compétition, Aston Martin a choisi une voie radicalement différente : adapter son hypercar routière Valkyrie aux exigences de l’endurance. Ce choix, permis par le règlement technique de la catégorie Hypercar, qui autorise l’engagement de véhicules issus de la série (à condition d'importantes modifications), confère à la Valkyrie un statut unique parmi les concurrents engagés.

Pensée initialement pour la route, la Valkyrie a subi une transformation complète afin d’affronter les rigueurs du Championnat du Monde d’Endurance (FIA WEC) et de l’IMSA WeatherTech SportsCar Championship. Sous son capot, on retrouve un V12 atmosphérique de 6,5 litres signé Cosworth, capable d’atteindre les 11 000 tr/min et plus de 1 000 chevaux dans sa version routière. Pour la compétition, la puissance a été ajustée à 680 chevaux (500 kW), conformément à la réglementation, tout en conservant l’ADN brutal et lyrique du V12. Aston Martin a délibérément réduit la puissance et le régime moteur afin de gagner en fiabilité et en sobriété — deux critères cruciaux en endurance. Le résultat : un moteur à la fois robuste, performant et fidèle à l’esprit de l’hypercar d’origine.

La Valkyrie repose sur un châssis monocoque en fibre de carbone, gage de légèreté et de rigidité. Son aérodynamique, fruit de la collaboration entre Marek Reichman, directeur du design chez Aston Martin, et Adrian Newey, ingénieur de légende en Formule 1, assure un appui optimal tout en respectant les contraintes strictes de la Balance de Performance (BoP). La version course intègre de nombreux éléments spécifiques : carénages à démontage rapide, système de ravitaillement centralisé, cockpit repensé pour maximiser la sécurité et la visibilité. La suspension à double triangulation, avec barres de torsion et amortisseurs réglables, permet d’adapter la voiture aux particularités de chaque circuit. Les pneus Michelin de 18 pouces ont été développés spécialement pour cette catégorie. Enfin, une boîte séquentielle Xtrac à sept rapports, pilotée par palettes au volant, assure des passages de vitesses rapides et précis.

Depuis ses premiers tours de roues à l’été 2024, la Valkyrie a accumulé plus de 15 000 kilomètres en essais, sur des circuits emblématiques : Donington, Silverstone, Vallelunga, Jerez, puis au Moyen-Orient (Bahreïn, Qatar) et aux États-Unis (Road Atlanta, Sebring, Daytona). Objectif : éprouver la voiture dans des conditions variées, parfois extrêmes, et peaufiner sa fiabilité. C’est l’équipe The Heart of Racing qui porte les ambitions d’Aston Martin en compétition. Engagée à la fois en WEC et en IMSA, elle vise une montée en puissance progressive, avec en ligne de mire une victoire de prestige au Mans.

Face à des concurrents bénéficiant de plusieurs saisons d’expérience, Aston Martin fait figure de novice. Mais chaque kilomètre parcouru, chaque course disputée nourrit un apprentissage précieux. Dans ce contexte, voir les deux Valkyrie franchir la ligne d’arrivée au Mans représenterait déjà une réussite. Actuellement, l’équipe Aston Martin Thor pointe à la huitième place du championnat du monde des constructeurs Hypercar, un classement modeste mais prometteur compte tenu de l’ampleur du défi.

Pour Aston Martin, le retour dans la catégorie Hypercar ne se résume pas à un projet sportif. C’est aussi une démonstration de savoir-faire, un manifeste d’ambition et d’innovation. En fusionnant les performances d’une hypercar homologuée pour la route avec les exigences extrêmes de l’endurance, la marque britannique écrit une nouvelle page de son histoire et peut-être, demain, celle de la course la plus mythique du monde.

Crédit photos : Willy CHANTELOUP / RACINGSHOOTS