24 HEURES DU MANS MOTOS. Mélodie Coignard, une pilote engagée pour l’égalité et l’environnement.
- Alicia Quénard
- 22 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 mai
« Quand on met un casque, on est pilote avant tout. » Dans un monde encore très masculin, celui des sports mécaniques, Mélodie Coignard trace sa route avec détermination. À 32 ans, la Française s’apprête à prendre le départ de ses troisièmes 24 Heures Motos du Mans, avec en tête un double objectif : briller sur la piste et défendre des valeurs fortes. Ce samedi, elle sera l’une des deux seules femmes engagées dans l’épreuve – sur près de 200 concurrents –, aux côtés de sa coéquipière Amandine Creusot, au sein de l’équipe AG Racing. Un binôme rare, complété par William Wallart et Maxime Verger, qui entend bien prouver que la performance n’a pas de genre.
« Contrairement à d’autres disciplines comme le foot ou le basket, où les femmes ne jouent pas contre les hommes, en moto nous avons cette chance. Nous partageons la même piste, les mêmes règles, les mêmes risques. »

Originaire de Paris, Mélodie Coignard découvre la moto à 16 ans, en passant son permis 125 cm³. Deux ans plus tard, elle obtient le « gros cube » et vit une révélation lors de sa première expérience sur circuit.
« Le jour où on m’a mise sur une piste, ça a été une évidence : je voulais faire ça tous les jours de ma vie. »

Installée à Nice à l’époque, elle débute par des courses de côte, rallyes routiers et épreuves sur route, tout en s’entraînant intensivement sur circuit, refusant de se lancer sans être prête.
« J’avais peur de gêner. Je voulais être à la hauteur. »

C’est en 2015 qu’elle fait ses premiers tours de piste en compétition, lors du Bol d’Argent, en marge du Bol d’Or. Elle termine 26éme, arborant le n°93 en hommage à son idole, Marc Márquez, multiple champion du monde de MotoGP. L’année suivante, elle découvre le circuit Bugatti du Mans lors de l’épreuve inaugurale de la Women’s Cup, championnat réservé aux femmes. Elle y participera trois fois, remportant deux titres de championne de France féminine.

En abordant le week-end, Mélodie visait un top 10 dans la catégorie Superstock, qui rassemble des motos proches du modèle de série, principalement pilotées par des amateurs chevronnés. Ce serait son meilleur résultat dans la prestigieuse endurance mancelle.
« Je la fais pour moi, mais aussi pour lui », confie-t-elle en pensant à Stéphane Egea, son compagnon, ingénieur et pilote, vainqueur en Superstock en 2021, tragiquement disparu en décembre dernier.

Lorsqu’elle ne court pas, Mélodie travaille comme vendeuse dans une concession moto à Marseille. Mais son engagement dépasse largement les paddocks. Militante pour un sport plus vert, elle développe depuis deux ans, avec le soutien d’un sponsor, des actions concrètes pour l’environnement : tri des déchets, promotion des biocarburants, et projets de préservation de la biodiversité.
« On peut aimer la vitesse et la nature. La moto peut devenir un laboratoire d’innovations durables. Elle a un rôle à jouer dans un avenir plus responsable. »
Fonceuse, engagée, inspirante : Mélodie Coignard n’est pas seulement une pilote. Elle est le symbole d’une nouvelle génération qui veut concilier performance, égalité et conscience écologique – et prouve que la passion ne connaît ni genre, ni limites.

Les rares femmes engagées sur l'édition 2025 n’ont pas été épargnées par la malchance. Les Françaises Mélodie Coignard et Amandine Creusot, coéquipières au sein de l’équipe AG Racing aux côtés de William Wallart et Maxime Verger, ont dû abandonner samedi soir. La course s’est arrêtée prématurément pour elles après une lourde chute de Mélodie sur une piste rendue glissante par la pluie.
Crédit photos : Fabrice GUYON / RACINGSHOOTS